Un made in France parfois trompeur…
Il y a déjà une grande nuance à faire entre les produits dits légitimement « Made in France » et ceux qui induisent en erreur les consommateurs par des drapeaux ou la mention « fabrication française » sur leurs étiquettes. En effet, pour pouvoir légalement apposer « made in France » sur son vêtement, il faut que 45% de la valeur ajoutée ait été réalisée en France. Or, beaucoup de marques ne font pas cet effort. Souvent, dans ce cas, l’assemblage est réalisé en France avec des matériaux provenant des quatre coins du monde. Or, cette pratique est illégale si elle induit le consommateur en erreur. Aujourd’hui, il est très difficile de contrôler toutes les enseignes et beaucoup de marques s’en tirent malheureusement sans ennui avec ces pratiques.
Ainsi, la première leçon que j’ai retenue est de bien vérifier la provenance de la composition des produits, en demandant directement aux marques par exemple, ou en vérifiant leur transparence sur leur site. Est-ce qu’avec ce produit, je vais vraiment soutenir l’employabilité française et les entreprises nationales ou juste aider à dissimuler des conditions de travail effroyables à l’autre bout du monde ?
Le prix : un indicateur du made in France ?
Le second problème que j’ai noté vis-à-vis du made in France porte sur la qualité. En effet, l’un des arguments que beaucoup de Français donnent est que lorsque l’on produit localement, on a le savoir-faire français et par association d’idées la qualité française. Or, selon moi, ce n’est pas si simple. En France, pour pouvoir accéder aux ateliers de fabrication qui produisent des pièces de qualité supérieure, il faut déjà avoir une forte demande puisque les ateliers ne veulent pas lancer la production pour trop peu de pièces. Ceci rend inaccessible le Made in France de bonne qualité pour les petites marques qui se lancent. La France est ainsi associée au haut de gamme plutôt parce qu’aucune marque ne souhaiterait payer des coûts de fabrication aussi élevée pour du bas de gamme.
Ces prix sont justifiés par les conditions de travail qui sont garanties. Nous pouvons effectivement être fiers de notre semaine de 35 heures, des congés payés et des arrêts-maladies. Cependant, il est important de se souvenir que ces salaires se retrouvent forcément dans le prix d’achat et qu’ainsi un produit au prix dérisoirement bas ne peut pas avoir été fait, en toute logique, avec le « made in France » que l’on imagine.
Le made in France oui, mais pas sans se poser de questions.
Alors oui, comme pour l’alimentation, je suis pour privilégier une proximité géographique, des circuits courts et une traçabilité. Si la marque est transparente, labélisée ET Made In France, c’est encore mieux ; mais cela prend du temps. Je pense que trop souvent nous privilégions des produits de « fabrication française » au détriment de meilleures alternatives par manque de recherche. Un produit qui a la mention France mais dont on ne connaît rien de ses usines, de ses travailleurs et de la proportion de ce qui est réellement réalisé en France ne vaut pas mieux qu’un produit venant de l’étranger mais labélisé et totalement transparent sur ses conditions de production.
Comme souvent finalement, les meilleurs choix se font en prenant le temps de se poser les bonnes questions et d’oser les poser à ceux qui peuvent y répondre.
Ségolène Petemangin
Equipe Communication de Novacteur
Un article très intéressant, merci.