L'éthique de la mode

Le mode est toxique

Comment la mode est-elle devenue toxique ? Autrefois une façon d’exprimer ses goûts à travers ce que l’on portait, les vêtements sont aujourd’hui tous modelés de la même façon : même couleur, même forme, mêmes motifs. Le rythme pour produire ces nouvelles collections chaque mois est effréné et laisse peu de place à des choix sains pour les grandes marques de la Fast Fashion qui souhaitent suivre les tendances. Ainsi, très souvent, nos vêtements ne sont pas toxiques uniquement à long terme car polluants mais aussi directement, au contact de notre peau. 

L’étape la plus néfaste : la teinture 

La mode implique le choix de couleurs de la saison ou même du mois. On fait donc appel à des teintureries. Or, cette étape de la fabrication rend le vêtement toxique (s’il ne l’était pas déjà avant). En effet, pour teindre un vêtement, on mélange de la poudre colorante, de l’eau puis des adjuvants et des fixateurs. Ce sont ces produits, quand ils ne sont pas aux normes, qui sont les plus toxiques. 

Le plus gros risque est pris par les travailleurs dans les teintureries, qui sont en contact direct avec ces produits. Souvent par manque de contrôle des marques et par manque de moyens, les jeunes travailleurs n’ont ni gants ni masques pour se protéger. Pourquoi jeunes ? Parce que généralement, ces travaux sont refusés par les adultes, considérés comme trop risqués et sont donc donnés à des enfants qui n’ont pas le choix. 

Les villages aux alentours sont également touchés via les eaux polluées qui ressortent de ces usines. Ces eaux contiennent une quantité trop importante de sodium, néfaste pour l’organisme.  On retrouve notamment un nombre anormal de cas de cancer, de stérilité et de fausses couches. 

Cependant, les produits toxiques présents dans la teinture restent accrochés aux vêtements et restent longtemps néfastes pour la peau. C’est d’ailleurs en partie pour cela que les grandes enseignes de la fast fashion conseillent de laver ses vêtements plusieurs fois avant de les porter. 

Le transport, un facteur aggravant 

Pour pouvoir produire des vêtements à un rythme aussi élevé, les enseignes délocalisent à l’autre bout du monde. Ceci permet d’avoir plus de main-d’œuvre à moindre coût. Cependant, l’acheminement des vêtements à travers le monde aggrave les risques pour la santé. En effet, pour faire face à l’humidité et aux insectes, les containers sont remplis de gaz toxiques. Ceci met en danger la planète mais aussi plus directement les responsables logistiques qui ouvrent les containers. Ces travailleurs sont souvent pris de vertiges et subissent des réactions anormales de la peau. On peut également supposer que certaines de ces substances restent accrochées aux cartons. Ceci expliquerait les réactions similaires constatées par des vendeurs déballant des colis dans des magasins de la Fast Fashion. 

N’y a-t-il pas en Europe des juridictions qui nous protègent ?  

Il y a effectivement en Europe des normes que les marques doivent respecter. La plus importante est la norme Reach, qui référence toutes les substances que les marques n’ont pas le droit d’utiliser. Cependant, il est très illusoire de penser que celle-ci est suivie à la lettre. Les grandes marques de la Fast Fashion ont des usines officielles et une chaine de sous-traitants. Ainsi, entre la marque qui cache ses sous-traitants et les sous-traitants qui cachent certaines de leurs usines, les teintures sont loin d’être toutes conformes et vérifiées. Ce qui est certain, c’est que de nombreuses substances toxiques ont été retrouvées via l’analyse de textiles provenant de la Fast Fashion-substances en outre responsables de cancer, d’infertilité et de réactions de la peau. 

Qui est alors responsable ? Les usines et sous-traitants qui font des déclarations approximatives, les grandes enseignes qui choisissent de fermer les yeux ou les gouvernements qui ne contrôlent pas plus ?   

Ségolène Petitmangin 
Equipe Communication de Novacteur

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